Bar Kokhba “Lucifer. The Book of Angels vol. 10” – Denis

mardi 23 février 2010

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Et bien voila un disque sur lequel je ne voulais pas poser une critique… Comment aborder un album de Zorn ? un Zorn sans Zorn ! Un Zorn avec son habituel rendez vous de guest star ! Un Zorn sans prise de risque ! Mais bon je me lance, faut l’accoucher celle-là, et au forceps svp…

Entouré ici du sextet Bar Kokhba, Joey Baron , Marc Ribot, Cyro Baptista, Greg Cohen, Erik Friedlander, Mark Feldman, et oui rien que ça, il a de chouettes amis notre John Zorn , c’est la grosse artillerie , on sait que l’on va avoir de la virtuosité, du talent, et qu’ils vont même se permettre le luxe de s’amuser.

Je l’avais complètement zappé cet album, probablement par lassitude des productions zorniennes, ou juste pas envie de yidicheries pour le moment, alors je l’écoute, le réécoute …. Et je n’arrive pas à me sortir de l’esprit, que je n’y retrouve rien de nouveau et que ça m’ennuie franchement, les thèmes sont connus, le tout est homogène et joué avec beaucoup de fun, mais tout ça on l’a déjà entendu.

C’est peut être une bonne première approche de l’univers de Zorn, un album tout terrain qui plaira en toutes circonstances, mais moi j’ai envie qu’il me surprenne, me transporte vers autre chose, et là c’est plus du surplace mais de la fixation dans le béton armé.

Du coup je n’arrive pas à sortir quelque chose de positif de cet album… et pourtant on peut vraiment dire que je suis un fan du gaillard.
Bon sur ce, je vais me réécouter un peu de "Naked City" et de "Painkiller" !!!

Bar Kokhba “Lucifer. The Book of Angels vol. 10” – Franck

mercredi 3 février 2010

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John Zorn saxophoniste, John Zorn compositeur, John Zorn producteur et directeur de maison de disques (Tzadik), l’homme a bien des facettes. Des métiers qu’il accomplit avec beaucoup de maîtrise. Trop pour certains. Le propos n’est pas ici de juger l’homme d’affaires mais l’une de ses innombrables productions. On lui dénombre plus d’une centaine d’albums et ce, sans compter les collaborations. S'y retrouver dans sa production et, à fortiori, dans le gargantuesque catalogue "Tzadik" est un vrai jeu de pistes et de détours.

Issu de l’avant-garde new-yorkaise de la fin des années 70's John Zorn finira par rencontrer le succès en 1985 grâce aux reprises de musiques de film ; notamment celles d’Ennio Morricone. Suivront ensuite les formations "Naked City" et "Painkillers". Epoque où je fais sa découverte. Quelle claque je me prends! Une musique forte, hétéroclite faite de free jazz, de musique de film, de mathcore, d’improvisation, de dub, d’ambient, de musique contemporaine… Zorn : c’est traverser ces univers musicaux à mach 2.

Le « Bar Kokhba – Lucifer Book of Angels Vol. 10 » est loin de ce coup de poing dans la gueule que je m’étais pris à l’époque… Et pourtant…

Le projet Bar Kokhba est né en 1996 avec un double album assez austère, baigné des traditions juives comme souvent dans le travail de Zorn. Mais la formation qui est sous les feux des projecteurs, à cette époque, est son quatuor Masada. Trompette, batterie, contrebasse et saxophone construisent un des jazz les plus passionnants depuis le New Thing et les grandes années de "Blue Note". Coloré comme de la musique Kletzmer et avant-gardiste comme un jazz new-yorkais peut l’être. Mais Zorn n’est pas du genre à mettre tous ses œufs dans le même panier. Il compose et mène de front d’autres projets dont ses fameuses musiques de films (Filmworks). Il prête son saxophone et monte des formations le temps d’un ou deux albums. L’homme a bien des facettes dis-je ! Outre l’écriture et l’instrument, il faut lui accorder deux autres talents: Celui de producteur ; il dirige le label Tzadik d’une main de fer et celui de s’entourer. A ses côtés on retrouve des musiciens d’un niveau et d’une intelligence musicale hors du commun. En les produisant, en collaborant avec eux, en les engageant dans ses propres projets, il s’est créé une vraie famille. Des musiciens qui jouent ensemble à longueur d’année, qui s’approprient les morceaux, qui improvisent et qui font de cette manière évoluer sa musique. Un modus operandi pas si éloigné des traditions manouche, rom et… juive forcément.

Au quatuor Masada va succéder le Masada Electrique, début de ce siècle. Une réinterprétation des morceaux de la formation. Cyro Baptista complète les percussions. Marc Ribot ajoute une grande part de guitare électrique. Joey Baron, qui tient la batterie, va, un temps, céder sa place mais nous le retrouverons sur ce "Bar Kokhba". Idem pour Greg Cohen à la contrebasse. Lui-même faisait partie du "Masada String Trio" avec Erik Friedlander et Mark Feldman et, tous trois figurent à nouveau dans la formation "Bar Kokhba". L’album sort en 2008. Cela fait donc 10 voire 15 ans que ces musiciens jouent, ensemble, le même répertoire. Zorn est, ici, à l’écriture et à la production. Pas une note de saxophone n’apparaît sur le disque. Un album qui est le résultat de douze années d’un travail d’artisans, de polissage, de ciselage et de finition. Un jazz de chambre où Zorn a écrit tous les morceaux mais où il a aussi créé l’alchimie entre les musiciens. La musique y est vivante, brillante. Au trio de cordes détenteur de traditions, d’une forme de classicisme répond la guitare électrique. Pas de distorsion, pas de larsens, un son clair et brillant éclairant en contrepoint le jeu du violon et du violoncelle. Les percussions apportent, elles, les couleurs de l’Orient.

Un disque à la croisée des chemins empruntés par Zorn. On retrouve Marc Ribot et Cyro Baptista comme dans le Masada Electrique. Les cordes s’inscrivent clairement dans la tradition Kletzmer mais avec une écriture qui s’est finement assurée au fil des compositions. On va reconnaître cette plume, cette orientation, dans les Filmworks depuis le 10e Opus jusqu’au plus récent. Soit treize albums plus tard. Un disque à la croisée des chemins auquel il ne manque que deux choses pour comprendre l’homme : son saxophone et la liberté dégagée par ses précédentes formations.

L’aventure sonore, l’improvisation, l’inattendu, points communs d’un "Naked City" et d’un Electrique Masada, à 20 ans d’écart, ne sont pratiquement pas présents ici. Cela a pourtant existé pour en arriver là car c’est dans le jeu et l’écriture des musiciens. La décision a été prise de vernir tout cela pour cet album et non de galvaniser.

Pour ceux qui ne sont pas encore contaminés par le jazz et la musique du monde, ce disque est une belle porte d’entrée. Pour ceux qui, séduits, voudraient poursuivre en douceur, les derniers filmworks de Zorn sont souvent de belles promenades musicales. Pour ceux enfin qui veulent se lancer dans l’aventure sonore, dans un jazz où sont contés les grands épisodes historiques, héroïques et épiques de la tradition hébraïque, il faut se plonger dans l’écoute de Masada.

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