N°4 : Eric Clapton by Erik

lundi 30 juillet 2012

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Et voilà le premier britannique du Top 100, Monsieur Eric Clapton en personne… Personnellement, il a toujours été une énigme pour moi. Il m’a toujours paru faire partie d’une autre époque, il était partout et en même temps nulle part… Quand j’ai pris la décision un jour de louer 2, 3 de ses disques, je me suis solidement ennuyé, je pensais découvrir une brique manquante et je n’ai rien trouvé. Aujourd’hui, mon regard sur Clapton a changé mais il reste une énigme profonde à mes yeux. Comment ce gars a-t-il su devenir cette icône de la guitare et être surnommé “God” ?

Pour comprendre le succès du gaillard, il faut se remettre dans l’époque, fin des années 50. La musique bouge et, en Angleterre, c’est la déferlante Fab Four. A l’opposé de ce raz de marée plutôt poppy, le petit Clapton s’est pris de passion pour le Blues a contrario de tout son entourage. Gamin solitaire et taciturne, en quête d’identité, il prend parti pour une musique un peu ghetto tout en se disant qu’il aurait voulu être un musicien noir. Le voilà en train de dénicher des disques rares et de recopier patiemment les phrasés de ses idoles : Buddy Guy, Howlin’ Wolf, Muddy Waters, Chuck Berry, B.B. King ou encore Robert Johnson. Il fréquente ses premiers groupes et d’aucun témoignent aujourd’hui que le jeune Clapton est tout sauf un génie mais il est tenace… En 63, il est engagé au sein des Yardbirds et commence à tourner partout en Angleterre et joue déjà un jour sur deux. Il est déjà élégant et cultive un look atypique ce qui le fait remarquer de beaucoup (comme soigner une brosse alors que toute une génération a les cheveux longs – et oui, l’heure n’est pas encore aux costumes Versace Clignement d'œil).

Dès les premiers enregistrements, il commence à se distinguer en ajoutant du sustain à son son et, comme les bons gratteux sont rares à cette époque à Londres, on commence à parler de lui… A cette époque, il est celui qui fait découvrir le Blues aux londoniens via le Rhythm'n'blues vaguement pop des Yardbirds (Comme à Brian May par exemple !). Exit les Yardbirds pour cause de virage trop commercial, Clapton sera remplacé par Jeff Beck puis celui-ci par Jimmy Page ! Passage ensuite par les Bluesbreakers de Mayall (c’est l’époque pendant laquelle il joue presque 12 heures par jour) avant son avènement au sein du power-trio Cream. Il est reconnu par tout ses contemporains comme “ze guitar hero” du moment car son vibrato main gauche (emprunté à ses idoles mais considérablement amplifié), sa maitrise du feedback (avant que Beck et puis Hendrix ne pousse cette technique dans ses derniers retranchements) et le sustain (il a opté pour une Les Paul et joue avec un Marshall qu’il sature pour grossir le son et tout cela bien avant Jimmy Page et Hendrix) amènent un son nouveau sur la scène londonienne. Il devient alors “God” pour ses fans et sans doute le premier “guitar hero” de l’histoire du Rock. “Sunshine of your love” déboule en 67 avec son riff de basse, son chant en duo et surtout le solo historique de Clapton, même Hendrix reprendra le morceau ! Malgré un succès retentissant (“Wheels of Fire” sera sacré premier double album de platine en en 68 !), Clapton se lasse et rêve d’autres choses… Led Zeppelin reprendra le Heavy Blues de Cream et passera à la postérité. Sa première époque de gloire est déjà derrière lui, même si après son cv est assez incroyable : il refuse de remplacer Brian Jones au sein des Stones, fonde Blind Faith avec Winwood et le dissout 4 mois plus tard et joue dans le Plastic Ono Band avec Lennon. En 70, il entreprend sa carrière solo avec une foule de guest star et surtout la grande nouveauté c’est que Slowhand a opté pour Fender Stratocaster au lieu de Gibson ainsi que pour les amplis ce qui change complètement son son (plus claquant et mois chaud). Sa musique évolue aussi, au vu de son succès aux USA, Clapton se tourne désormais vers un mélange de Soul, de Funk, de Rock, de Folk et bien sur, de Blues. On est en 1970, le guitariste anglais est déjà cramé par l’alcool et la coke et refuse tout plan le mettant en avant. L’épisode Derek &The Dominos est une heureuse parenthèse avec le très abouti “Layla and Other Assorted Love Songsmais après ça c’est le désert (même malgré les hits reggae comme “I shot the Sheriff”), Slowhand se perd dans le marché pop américain (Excepté peut-être l’album éponyme qui contient “Cocaïne” et “Wonderful Tonight”). Il faudra attendre 1992 pour sa résurrection avec le fameux “Unplugged” (3 Grammy Awards et 15 millions de copies!) et en 1994 avec le retour au Blues avec “From the Craddle”.

Clapton a sans doute été surestimé tout au long de sa carrière mais il faut lui reconnaitre une longévité exceptionnelle, des collaborations qui le sont tout autant, une influence durable sur des générations de gratteux et un paquet de bons morceaux qui sont de véritables hymnes du Rock aujourd'hui. A cette image, le trouver à la 4° place de ce classement est peut-être exagéré mais le gaillard fait partie intégrante de l’histoire.

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