The Beatles - The White album (par Franck)

jeudi 9 juillet 2009

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Tu es plutôt Beatles, Stones…, Dylan ? Qui n’a jamais entendu cette vieille question, témoignage d’une (pseudo) rivalité existante entre les groupes des sixties ? Avec le temps, les tendances, les reprises, l’évolution des sonorités, cette question s’étiole dans les vapeurs de l’histoire du rock. Qui se tracasse encore que telle chanson ait été écrite par un McCartney ou un Jagger ? D’autant parfois que les reprises laissent plus de traces dans les mémoires que les originales. Alors, quel poids peut encore avoir un disque sorti il y a quarante ans ?

Et il ne s’agit pas d’un vulgaire album ! Le White des Beatles s’est vendu à des dizaines de millions d’exemplaires. Il a été placé dans le Top 10 des plus grands albums de tous les temps. Et pourtant l’écoute d’un morceau des Beatles est pour moi, une vraie punition. Et de ce double LP d’en compter une trentaine… Bref, le groupe m’est toujours apparu comme outrageusement surestimé. Mais la trace qu’il laissé dans l’histoire du rock est indéniable. Ces jeunes gars de Liverpool, autodidacte, irrévérencieux quand il le faut, séducteur à d’autres moments dans leurs complets-vestons, vont très rapidement gravir les places des hit-parades et être les auteurs de quelques beaux morceaux. Ça, on ne peut pas leur enlever. Et je serais bien malhonnête de dire le contraire. Car leurs morceaux je les ai écoutés ; et en boucle encore. Mais chantés par d’autres. Je pense notamment à Siouxsie et ses versions de Dear Prudence et de Helter Skelter (probablement le morceau le plus rejoué de l’album). Blackbird repris par le Crosby, Still, Nash & Young, par Elliott Smith. Des titres écoutés des heures durant et dont les auteurs me répugnent toujours autant. A retenir également l’interprétation très heavy-rock de While my guitar gently weeps par Jeff Healey.

Quelques titres passés à la postérité sur une trentaine. Beaucoup de groupes n’en ont jamais fait le quart. Mais à réécouter l’album blanc, on se rend vite compte que l’on est face à un fameux fatras. Entre les parties folk, les envolées Rock’n’roll, les expérimentations et les morceaux clairement très faibles, le tri aurait bien pu être fait et au final, donner naissance à deux albums de bonnes factures et aux orientations distinctes. Ce n‘est pourtant pas l’orientation choisie. Les Beatles bénéficient, depuis cinq années, d’une aura extraordinaire. Les hits se succèdent, les foules se déchaînent et ils ont déjà derrières eux leurs plus grands albums (Revolver, Abbey Road ou encore le Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band), le succès est donc naturellement au rendez-vous.

L’album est aussi le reflet d’une époque. Déstructuré par les tensions du groupe et le kaléidoscope musical des années 66 à 68. Martha my dear a l’odeur de la campagne anglaise quand Happiness is a warm gun empeste l’herbe fumée sur le Haight. Back in USSR a fauché de l’iode aux Beach Boys. La course à l’électricité initiée par les Byrds en 1965 ne fait que s’amplifier. 1968 est aussi l’année des naissants Led Zeppelin. Les Who se vantent d’avoir un son lourd, les Beatles réagissent et écrivent Helter Skelter. Revolution 9 lorgne par contre sur le monde chimérique de Frank Zappa. Tandis qu’un Blackbird est le prolongement d’une déjà longue et toujours vivace tradition de songwriters armés de guitares fleuries de la tête aux frètes. Un patchwork qui a peut-être contribué au succès de l’album. Un disque et un groupe qui ont marqué l’histoire de la musique mais qui restent décidément bien surestimés.

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