Richard Hawley « Truelove's Gutter » - Laurent

samedi 17 octobre 2009

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« Bienvenue sur Prozac FM. Aujourd'hui, dans le cadre de notre suicide collectif, je vous propose d'écouter Truelove's Gutter de Richard Hawley. » Ainsi pourrait débuter mon analyse de cet album sombre, lourd, déprimant, dans lequel on s'englue telle une mouche dans la mélasse. Et gare à ceux qui seraient dans une mauvaise passe : il n'en réchapperaient pas !

Mais passons à l'analyse proprement dite :

  • L'album démarre avec un morceau ciselé, « As the Dawn Breaks ». Après une introduction douloureuse sous forme d'une saturation sonore très déplaisante, je découvre la voix grave, presque gutturale, de Richard Hawley. Celle-ci tranche étonnement avec la clarté chirurgicale de la guitare acoustique. Et on se surprend à peine à penser à Paul Anka, Chris Isaak, Johnny Cash. On vogue doucement dans une douce déprime, des chants d'oiseaux venant égayer autant que possible un triste tableau minimaliste.
  • Vient ensuite « Open Up the Door ». Nettement plus joyeux. Ici, la batterie fait son apparition (pour notre plus grand bonheur) et la plage gagne en musicalité vers la fin. Presque un hymne. Mais un hymne à la joie ou à la tristesse ?
  • Avec « Ashes on the Fire », on découvre une plage pop-country. On est pas loin d'un Badalamenti arrangeant l'album « Floating Into The Night » de Julee Cruise. On est proche aussi du son des Notting Hillbillies avec « Missing... presumed having a good time ». J'irai même à faire le rapprochement avec un « Great Balls of Fire »...
  • La quatrième pièce se présente comme un (très long) morceau folk-pop dans lequel Hawley démontre qu'il peut monter un peu dans les octaves, sa voix étant comme une friandise sucrée qui descend doucement... dans les oreilles ! J'ai regretté une présence féminine qui aurait donné une certaine envolée à l'exercice ; mais c'est sans compter ce qui semble être un égocentrisme artistique exacerbé de la part de ce sacré Richard.
  • Le cinquième acte de cette « pièce musicale » commence avec une guitare sèche, une voix (encore et toujours) grave et un bon gros écho de type « cathédrale ». Arrivent ensuite la scie musicale (synthétisée of course) et la basse. Le morceau est dépouillé, mélancolique, efficace.
  • Me croirez-vous mais le sixième morceau m'a fait pensé à Jean-Louis Murat : déprimant, soporifique. Et puis, soudain, c'est l'envolée tonifiante à gros renforts de cordes (synthétisées again). Enfin, c'est le retour au minimum syndical. Exit.
  • Le trait numéro sept m'a fait penser à Paul Simon. Une fois de plus, tout ce que touche Richard Hawley se transforme en larmes ; les violons (synthétisés) se (re)présentant à nous pour tenter de nous extraire ce qu'il peut encore rester de larmes. Richard est sans pitié.
  • Et voici le dernier moment. Introduit dans un style très « boîte à musique », la plage nous fait toucher le fond (si ce n'était pas déjà le cas). Le morceau évolue offrant une guitare plus douce, moins sombre. Une sorte de Mark Knopfler sous Xanax. Ah, Richard, tu es indécrottable !
Au final, un album déprimant, triste, lourd, qu'il ne faut écouter que si l'on est psychologiquement fort. Une sorte de douce mort. Une ambiance destinée à l'endormissement ou au bruit de fond lors d'un repas. Peu être un peu trop pesant. Pas mauvais. Mais difficile à assumer.

Bon, je vous laisse, mon psy m'appelle...

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